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Le courroux de Zeina
Je viens de lire, l’une de mes dernières chroniques à Zeina, (la paix de Notre-Dame-de-la-Mer*). Elle n’a pas aimé, mais alors pas du tout, la partie où je décris Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah et son discours de soutien aux Palestiniens de Gaza. « Tu stigmatises les musulmans sans dire un mot sur les Israéliens, qui détruisent et imposent leur volonté par la force, » lance-t-elle fermement.
La cinquantaine passée, Zeina, chrétienne maronite, est dentiste à Beyrouth. J’ai du mal à comprendre la sympathie que cette femme, laïque et féministe, éprouve pour les islamistes. Elle corrige. « Je n’ai aucun penchant pour le tchador et je n’ai pas envie de voir mon Liban se transformer en République islamique, précise-t-elle aussitôt, mais ce n’est pas en diabolisant les musulmans, comme vous le faites trop souvent en Occident, qu’on parviendra à les convaincre des bienfaits de la démocratie et de l’émancipation des femmes. »
Arabe et fière de l’être, Zeina a vécu trois ans en France. Si elle a aimé Paris, les châteaux de la Loire et nos fromages, elle a été choquée par notre vision du monde arabe. «Vous nous considérez comme des sous-développés irresponsables. Pour vous, les Arabes sont tous des fourbes sanguinaires, qui portent cagoule et hache, et qui aspirent au martyr au nom d’Allah. Et leurs femmes, des soumises voilées, incapables d’être autre chose que des épouses et des mères de famille. Les Français ne parviennent pas à digérer la guerre d’Algérie. »
Zeia n’aime pas non plus la condescendance des Occidentaux envers les chrétiens arabes. Elle déplore l’offre d’accueil fait aux chrétiens d’Irak et de Syrie, persécutés par l’État islamique, lancé récemment par le gouvernement français. Pour elle, l'exil n’est pas la solution." En 1987, dit-elle, en pleine guerre civile, je suis partie vivre à Paris, pour échapper aux bombardements. Mon pays, ma famille, mes amis me manquaient terriblement. Je suis revenue dès que j’ai pu. Aidez-nous plutôt à rester dans nos pays. Les chrétiens du Liban, de Palestine, de Syrie et d’Irak sont des Arabes qui veulent continuer à vivre dans leurs pays d’origine. Jésus est né sur cette terre et il n’a jamais parlé latin. Il n’y a pas d’exilés heureux." ...
Chrétienne, je me sens plus proche de mes voisins musulmans que d’un chrétien français. »
Les images de Gaza bombardé la bouleversent. Quand elle parle d’Israël, Zeina, femme élégante et raffinée, sort de sa réserve : « Comment un peuple civilisé et éduqué, dont les Occidentaux se sentent si proche, ne parvient pas à comprendre qu’il n’arrivera jamais à rien par les armes, et que chacune de ses victoires imposées par la brutalité de sa force armée, engendre un sentiment de haine et de revanche plus fort chez les Arabes, et pas seulement parmi les intégristes musulmans, comme vous le pensez." ...