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La nouvelle génération des chrétiens du Liban

Rencontre avec Majd Farah, 21 ans. 

Né à Jbeil, au Liban, en 1995, Majd Farah n’a pas connu la guerre civile, qui a dévasté son pays entre 1975 et 1990. Aussi sans l’exprimer vraiment, porte-t-il sur ses aînés, qui ont pris les armes, et tués pour certains au nom de Dieu, un regard distant : « C’était leur histoire, une autre époque. Je ne peux pas juger », explique-t-il.

[caption id="attachment_800" align="alignleft" width="640"]Majd Farah, 21 ans Majd Farah, 21 ans[/caption]

Comme Majd, une grande majorité de jeunes Libanais ne s’engagent plus dans les partis politiques traditionnels dirigés par les mêmes clans familiaux qui, de père en fils, se partagent les richesses du pays, anciens chefs de milice pour la plupart, devenus au lendemain du conflit, des leaders respectables, députés ou ministres.

Le combat de Majd, étudiant au CNAM libanais (Conservatoire national des arts et métiers) se situe ailleurs. Guide officiel de la réserve naturelle de Bentael, proche de sa ville natale. Il a fondé en 2015, avec des amis fondus d’écologie le groupe « HighKings », dérivé de l’anglais « hiking » ou randonnée, avec pour objectif de faire découvrir et aimer les beautés du Liban à des jeunes venant de tous les horizons. « Chaque année, régulièrement, nous organisons des camps en pleine nature pour conscientiser notre génération sur la préservation de l’environnement. »

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Le bouche à oreille fonctionne, « highKings » en deux années d’existence s’est taillé une  réputation non négligeable. Majd évoque volontiers le souvenir du camp de Faqra, qui a marqué l’histoire du groupe par la qualité de ses échanges. Lors du dernier rendez-vous, à Chahtoul dans la province du Kesrouan (région de Jounieh), ils étaient plus de 250 jeunes, de toutes origines et de toutes confessions - chrétiens, musulmans, incroyants - à se retrouver.  Parallèlement, « HighKings » dispensent des cours d’initiations au développement durable, en organisant des activités de protection comme le ramassage et le tri des déchets. « Nous allons aussi dans les écoles, pousuit Majd, et dans des associations à la rencontre d’enfants syriens réfugiés.»

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Majd se réjouit de voir des jeunes d’autres religions rejoindre son groupe. « Contrairement à la politique, la nature fédère, rassemble et unifie.» Pour le garçon, qui se définit comme un chrétien engagé, le spectacle de la nature est un don divin, une invitation à la prière universelle.

Majd et ses amis incarnent l’image de cette jeunesse chrétienne libanaise d’aujourd’hui, moins docile et plus exigeante à l’égard de la hiérarchie religieuse. Des jeunes de ce nouveau Liban né au lendemain du « Printemps libanais » de 2005, premier acte des révolutions qui ont embrasé les pays arabes en 2011. Une génération qui ne retombera plus dans les erreurs du passé.

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A l’image de HighKings, des associations naissent au Liban, et les débats fleurissent. Une société civile, espoir pour le monde arabe, est en train de voir le jour. Il serait temps que notre Occident s’en rende compte.

LB

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