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Entretien avec le père François Boëdec

Nouveau recteur de l’Université Saint Joseph de Beyrouth

Le 16 octobre 2025, le Provincial des Jésuites de la province du Proche-Orient a nommé le père jésuite français François Boëdec, recteur de l’Université Saint-Joseph de Beyrouth (U.S.J).

 Symbole de la francophonie au Liban, considérée comme l’un des trois principaux établissements universitaires du Liban (avec l’université libanaise et l’Université américaine de Beyrouth) l’U.S.J fête cette année son 150 è anniversaire (*1).

Le père Boëdec qui remplace le père Salim Daccache, en poste depuis 2012 (*2), n’est pas un inconnu pour les Français, puisqu’il fut rédacteur en chef de la revue « Croire aujourd’hui » publié par le groupe français Bayard-Presse, propriétaire du quotidien « La Croix » et de l’hebdomadaire « Pèlerin-Magazine ».

Né en 1962 à Vannes, en Bretagne, dans le Morbihan, juriste de formation, François Boëdec est titulaire d’un doctorat en sciences politiques. En 2002, il a soutenu à la Sorbonne, sa thèse sur la problématique de l’eau au Proche-Orient. Nommé recteur des Facultés Loyola de la rue de Sèvres à Paris en 2015, l’homme assume en 2017 la fonction de Supérieur provincial de la province d’Europe occidentale francophone de la Compagnie de Jésus jusqu’en 2023.

 Mais le Liban, qu’il découvre pour la première fois il y a 35 ans, à la fin de la guerre civile de 15 années, qui détruira le pays, ne va jamais le quitter. « Mon premier contact remonte à 1990, j’avais passé l’été avec une colonie de vacances d’enfants des quartiers pauvres, organisée par le collège jésuite de Notre-Dame de Jamhour, à Beyrouth confie-t-il.  Puis entre 1992 et 1994, j’ai enseigné le droit des affaires à l’IUT de gestion de l’USJ, et travaillé au CEMAM (Centre d’études du monde arabe moderne) à l’USJ, où l’on m’avait demandé de suivre les questions hydrauliques au Proche-Orient. »

 Pour François Boëdec, le Liban est un pays souvent incompréhensible, mais tellement attachant et si accueillant. « Ce pays reste pour moi un véritable pont entre l’Occident et l’Orient, avec des enjeux énormes. » confie le nouveau recteur, qui reprend le qualificatif de pays-message, cher au Pape Jean-Paul II pour définir le pays.  Mais ce qui le touche, c’est cette farouche volonté qu’ont les Libanais de s’accrocher à la vie, de ne jamais perdre l’espoir, même dans les moments les plus chaotiques de leur histoire. La manière dont le pays s’est reconstruit après la guerre de 1975, supporté la crise économique de 2019, et les bombardements israéliens à partir de 2023, est un modèle, dont devraient s’inspirer un grand nombre de nations. Beaucoup de Libanais, obligés d’émigrer dans des pays étrangers s’adaptent avec une grande facilité, et sont capables en peu de temps de se reconstruire une seconde vie.

Le 5 janvier 2026, le père François Boëdec s’installera dans son nouveau bureau. « Les dossiers sont nombreux, dont celui de la francophonie, face à l’engouement des jeunes libanais pour la langue anglaise. L’USJ a profondément marqué le Liban. Il s’agit de continuer à faire vivre cette belle institution pour former des hommes et des femmes non seulement en excellence, mais aussi avec le souci des autres.  Ce ne sera pas facile, mais le désespoir (*3) ne sera jamais chrétien,conclue-t-il. »

Luc Balbont

(*1) L’USJ fut fondée en 1875 par les Jésuites.

(*2) Lire l’entretien de Luc Balbont avec le P. Salim Daccache le 25 mai 2022 sur l’œuvre du théologien libanais Youakim Moubarak –  A lire sur https://blog.balbont.œuvre-orient.fr/ du 25 mai 2022

(*3) Le Père François Boëdec vient de publier aux éditions du Cerf-Loyola : "Comme un long Samedi saint - Libres propos sur l'espérance" , un livre sur lequel je reviendrai.