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Gaza : le défi du vivre ensemble
UNE GUERRE SANS FIN
Au 4è mois d’une guerre entre le Hamas et l’armée israélienne, le bilan est terrifiant. Déjà plus de 24000 morts dont une majorité de femmes et d’enfants côté palestinien, et 1500 victimes israéliennes, dont 1200 rien que le 7 octobre 2023, lors du massacre commis par le Hamas, dans les Kibboutz israéliens : le bilan encore provisoire d’une tragédie sans perspective de cessez-le-feu.
Noyauté par l’extrême droite, le cabinet de guerre mis en place par le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, s’est lancé dans un combat total, qui ne se terminera qu’après l’élimination totale du Hamas, martèle l’exécutif juif.
Pour Netanyahou, qui se dit fier d’avoir empêché la création d’un Etat palestinien (1), l’objectif à peine voilé n’est pas seulement d’éradiquer l’organisation islamique du Hamas, mais d’assurer sa survie politique pour éviter, grâce à son immunité, de rendre des comptes à la justice de son pays.
Fermant les yeux sur les exactions commises par des colons juifs contre des familles palestiniennes de Cisjordanie, Netanyahou et ses alliés ultra nationalistes religieux affichent également leur volonté de réduire, voire d’éliminer toute présence arabe sur la « Terre promise. »
En face, le Hamas, mouvement intégriste issu des frères musulmans, entend, lui aussi, mener la guerre jusqu’à l’éradication totale de l’Etat juif. Entre deux concepts religieux (2)qui se réfèrent à la volonté divine : Dieu nous a donné la Terre, » la solution est difficile. La violence du Hamas et celle de l’extrême droite israélienne se nourrissant l’une de l’autre, tiennent en otage leurs populations juive et arabe.
Le défi de la paix
En 2003, l’avocat franco-israélien Théo Klein (1920-2020), président d’honneur du Conseil Représentatif des Institution juives de France regrettait dans une interview qu’il m’avait donnée (voir note 3) que son ami Ariel Sharon, alors Premier ministre d’Israël, « n’ait pas eu le courage de dire aux Palestiniens : Vous voulez un Etat, une Terre, un drapeau, c’est votre droit le plus juste ; Je vous le donne et je vous aiderai à construire un pays viable et démocratique. S’il avait exprimé cela, nous n’en serions pas là. » L’arrivée de Netanyahou, à la tête de l’Etat hébreu a aggravé la situation. Dans ce climat de destruction, l’espoir pourrait peut-être venir des jeunes générations. Côté palestinien Hassan, 28 ans, qui après avoir été membre du Hezbollah au Liban, a pris ses distances avec le Parti de Dieu, déclarant « que les armes n’étaient pas la seule solution pour faire entendre sa cause. »
Quant à Rachel (4), élève d’un lycée parisien dans les années 1980, elle témoigne récemment d’Israël où elle s’est installée depuis plus d’une vingtaine d’années, « dans les kibboutz après le massacre du 7 octobre, m’écrit-elle, des habitants ont déclaré qu’ils reviendraient chez eux à la seule condition que les barricades, les abris bétonnés et les sirènes d’alerte disparaissent à tout jamais ; en bref, effacer le besoin de se protéger de ses voisins, et vivre en paix à leur côté. Dans une guerre, il n’y a que des perdants… » Crédulité ? Sans doute, Mais construire un avenir commun avec des opinions publiques traumatisées à vie est un vrai défi. Au Proche-Orient, une paix durable demandera beaucoup de naïveté et de temps.
Luc Balbont
- « Je suis le seul qui pourra empêcher la création d’un Etat palestinien à Gaza et en Judée-Samarie » Propos de Netanyahou à des députés de la Knesset, cités par le journaliste israélien Michaël Shemesh le 27 novembre 2023 sur le canal 11 de la TV israélienne.
- Lire « La question religieuse au XXIe siècle, » Georges Corm, La Découverte.
- Interview de Luc Balbont, Pèlerin N° 6303 du 18 septembre 2003, à l’occasion de la sortie du livre de Théo Klein « Dieu n’était pas au rendez-vous », entretiens avec Sophie de Villeneuve, Ed Bayard.
- Les prénoms ont été changés.