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Insan : Les enfants sans école du Liban
Plus de 160 000 enfants sans papiers, interdits d’école.
- 60 000 issus de familles émigrées clandestines
- et 100 000 petits Syriens qui ont fui leur pays à cause de la guerre.
C’est le constat dressé par “Insan”, une association libanaise, qui a rendu public, le 10 décembre dernier, à Beyrouth, un rapport sur le drame de ces enfants déscolarisés.
“ C’est la première étude parue sur ce sujet sensible dans le pays, précise Charles Nasrallah, président fondateur “d’Insan”. Durant plus d’une année, nous avons suivi 90 mineurs, filles et garçons, âgés de 6 à 15 ans, dans des quartiers déshérités de Beyrouth. Les conclusions du document font froid dans le dos, outre l’absence d’école, les enfants souffrent de mauvais traitements, exploités par des adultes sans scrupules et plus de 10% sont victimes d’agressions sexuelles.“
Pris sur un faible échantillon, ces statistiques donnent une idée de l’état de précarité de ces enfants. “Un drame qui ne pourra que s’aggraver, déplore Charles Nasrallah, puisque depuis l’été dernier, les enfants syriens, qui jusque là pouvaient être admis dans les écoles publiques, sont soumis à des restrictions administratives : permis de séjour obligatoire et document attestant une présence dans une école libanaise d’au moins trois ans. Assouplis sous la pression de la communauté internationale, les élèves qui ont la chance d’être réintégrés sont contraints de suivre les cours à des horaires précis, séparés des élèves libanais.”
Depuis 1998, date de sa fondation, l’équipe d’Insan lutte contre le sort subi par ces enfants de la guerre et de la pauvreté. Au nord de Beyrouth, à Sed el- Bouchrieh, l’association a ouvert une école, où elle accueille chaque matin 57 enfants rejetés du système scolaire. Les enseignants, des volontaires qui acceptent des baisses de salaires allant jusqu’à 50%, sont chrétiens, musulmans ou druzes.
Les élèves sont Syriens, Irakiens, Palestiniens, Ghanéens, Centrafricains,Congolais, Érythréen, Éthiopiens. “Pour ces gamins, dont le plus âgé n’a pas douze ans, c’est l’occasion de sortir de leurs taudis et de prendre contact avec la société ”, confie Charles Nasrallah.
Soutenus par des partenariats américains, suisses et français, “Insan” suit et finance également le cursus scolaire de 200 autres enfants, placés dans des écoles publiques et privées. Les 23 permanents, la trentaine de bénévoles prennent aussi en charge 300 familles immigrées. Chacune d’elle, dotée d’un projet et d’objectifs à atteindre. Récemment, l’association a ouvert un foyer pour délinquants.
Reconnue enfin par les institutions libanaises et internationales “Insan” entend profiter de son statut pour proposer des textes de loi en faveur des enfants de la rue. Des lois qui protégeraient ces gamins des exploiteurs à l’affût. Ainsi au Liban, un grand nombre de mineurs sont employés illégalement par des patrons verreux, à des salaires de misère. “160 000 enfants sans école: Un recrutement de choix pour les trafiquants et les djihadistes aux aguets,” conclut Charles Nasrallah.
Luc Balbont