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Le dialogue islamo-chrétien, un témoignage de Mgr Jean-Paul Vesco, évêque d’Oran.
« Nous nous affrontons sur des questions théologiques qui n’ont pas grande importance »
Né en 1962 à Lyon, Jean-Paul Vesco fut avocat à Paris durant 7 ans, avant d’entrer chez les dominicains. Un séjour à l’Ecole biblique de Jérusalem, la cité des trois monothéismes, suivi d’une installation en Algérie, dans le diocèse d’Oran, où il est nommé évêque en 2013, ont fait de lui un témoin reconnu et écouté du monde arabe et du dialogue islamo-chrétien.
C’est à Tlemcen, ville algérienne située, non loin de la frontière marocaine, lors d’une rencontre entre musulmans et chrétiens du mouvement des Focolari(*1), qu’il s’est livré à cette analyse.
« En matière de dialogue interreligieux, les mots emprisonnent, attaque l’évêque. Pour éviter ce piège, les Focolari (*1) privilégient la rencontre avec les personnes, indépendamment de leur appartenance religieuse.»
« Ce qui se passe ici, à Tlemcen est incroyable, enchaîne-t-il. Ici il n’y a pas de débats théologiques, personne ne tente de convertir l'autre. Les gens se rencontrent et dialoguent sur des problèmes quotidiens, qui touchent à la vie même de l’homme. »
Percutant, Mgr Vesco constate que « chrétiens et Musulmans, s’affrontent sur des questions théologiques qui n’ont pas grande importance dès lors que nous accordons respect et dignité à nos fois respectives, par-delà même ce que nous pouvons en comprendre. Et en même temps nous minimisons les grands problèmes communs à tous, qui constituent les véritables enjeux de la vie de l’homme. Des enjeux comme la santé, le développement, la mondialisation, l’éducation, la place de la femme dans la société etc… »
« C’est sur ces thèmes, conclut-il, que nous devons d’abord travailler de concert. »
« Plus fondamentalement encore, poursuit-il, nous sommes à la veille de mutations technologiques, sociétales, climatiques, écologiques qui vont bouleverser et mettre en question nos civilisations et même l'avenir de l'humanité. Et pendant ce temps on essaie de nous faire croire que la question importante est de savoir qui prie le mieux un Dieu que nous professons unique et qui est donc le même ! Nous aurons l'air malin avec nos joutes théologiques si demain une partie de cette terre que nous avons reçue en partage et en responsabilité devient inhabitable parce qu’engloutie par les eaux ou au contraire grillée par le soleil. »
Propos recueillis par Luc Balbont, à Tlemcen le 5 juillet 2018