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Le Pape Léon XIV au Liban… Des raisons de croire à la paix ?
Par Luc Balbont pour le site https://blog.balbont.oeuvre-orient.fr/
A 90 ans passés, le Père Guy-Paul Noujaïm , évêque émérite de Sarba-Jounieh, au nord de Beyrouth, qui a vécu les visites au Liban de Paul VI, Jean-Paul II et Benoït XVI retrace, celle récente (*1), de Léon XIV au Liban.
Né en 1935, à Kfartai au pied du mont Sannine (2628 mètres), non loin de Beyrouth, dans la région du Kesrouan-Metn, à majorité chrétienne, Monseigneur Guy-Paul Noujaïm, évêque émérite de Sarba-Jounieh analyse d’une voix claire et précise les deux jours de présence du Souverain pontife au Liban. A 90 ans, les années ne semblent avoir aucune prise sur lui. Dans cet entretien, il dresse un bilan complet de la récente visite du Pape.
Depuis 1948 Mgr Noujaïm a assisté à la venue de quatre papes au Liban
Mgr Noujaïm a assisté aux quatre visites papales au Liban : Paul VI en 1964, un arrêt de quelques heures avant de se rendre en Inde, Jean-Paul II en 1997 et son exhortation historique, Benoît XVI en 2012 et Léon XIV il y a quelques semaines.
Je m’étais entretenu avec lui trois semaines avant la visite du Pape américain (*2) « J’attends de ce premier contact, m’avait-il alors confié, que Léon XIV nous invite à travailler ensemble. Les églises libanaises sont diverses. Nous souffrons d’un manque de collectivité, un déficit de synodalité. J’insisterai également sur le souci de développer l’attention aux pauvres dans cette période de crise que nous traversons en ce moment, » ajoutant « Notre monde se dirige de plus en plus vers une citoyenneté mondiale. Sans l’autre, nous n’existons pas. »

C’est au lendemain du retour à Rome du souverain Pontife le 2 décembre 2025, que je retrouvais le Père Noujaïm pour lui demander de faire le bilan de ce séjour papal au Pays du Cèdre. Grand merci à mon ami Fady Noun, journaliste à « l’Orient-Le Jour », aujourd’hui collaborateur, entre autres, à « Ici Beyrouth », qui a joué les intermédiaires.
Enthousiaste, Guy-Paul Noujaïm raconte d’une voix claire et posée ce qu’il a ressenti en suivant la Pape, « Léon a rempli pleinement mes attentes. Et je ne suis pas le seul. Je sors d’une rencontre de réflexions multiconfessionnelles, avec des chrétiens et des musulmans Sunnites, Chiites et Druzes. Tous étaient touchés et émus par les paroles du Saint Père, ses discours d’une humanité profonde, sa proximité avec les gens, son humilité. Au port, lors de la messe finale, devant plus de 150.000 personnes, il a montré toute la profondeur de sa foi. Son recueillement sur la tombe de Saint Charbel fut pour nous, Libanais, un grand moment, sa visite aux malades mentaux de l’hôpital de la Croix a traduit toute son attention aux exclus, comme sa rencontre avec la jeunesse libanaise au Patriarcat de Bkerké, où il a engagé les jeunes avec une tendresse infinie à construire ensemble le pays. »
« Léon a rempli pleinement mes attentes. Et je ne suis pas le seul. Je sors d’une rencontre de réflexions multiconfessionnelles, avec des chrétiens et des musulmans Sunnites, Chiites et Druzes.
Si un certain nombre de Libanais lui reproche de ne pas avoir été au Sud Liban, écrasé par les bombardements israéliens, et de ne pas avoir évoqué cette situation intenable vécu par les habitants. Le Pape, juste avant de reprendre l’avion pour Rome a exprimé tout son regret d’avoir manqué ce rendez-vous crucial. Pouvait-il vraiment aller dans ce sud en guerre ? Raison de sécurité ? raison diplomatique ? Cette visite aurait-elle fait avancer la paix, qui se négocie si difficilement actuellement ?
Le Père Guy-Paul Noujaïm note pourtant que juste après le retour de Léon XIV à Rome, pour la première fois depuis 40 ans, des pourparlers se sont ouverts entre les gouvernements israélien et libanais… Une raison d’espérer ?
L. B
(*1) Du 30 novembre au 2 décembre 2025.
(*2) Elu le 9 novembre 2025, 267ème pape de l’histoire.