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Les chrétiens syriens : retrouver l’unité pour reconstruire le pays

J'ai commencé mon périple syrien le 15 août  à Damas, pour la fête de la Dormition, « l’Ascension des Églises orientales. » Ces deux semaines passées en Syrie me donneront l'occasion de rencontrer des chrétiens syriens, et de recueillir, sur place, leurs témoignages, d’entendre leurs angoisses, et aussi leurs espoirs.

Répartis en différentes Églises, les chrétiens de Syrie, pays en guerre depuis mars 2011, se divisent en deux groupes : les pro et les anti-régime.

En France, je rencontre un certain nombre d’opposants au régime syrien. Tous racontent la même histoire : la dictature, l’oppression, la peur, les années de prison, la torture et la douleur d’un exil forcé (*1). Ces chrétiens sociologiques, peu ou pas pratiquants, militent pour une Syrie plurielle, citoyenne et démocratique. La Syrie dont ils rêvent passe par le départ de la famille Assad et de son entourage.

A l’opposé, au Liban où je vis, je m’entretiens régulièrement avec des patriarches et des évêques syriens (*2 et *3).

Ces responsables chrétiens craignent plus que tout la montée de l’islam politique, qui terrorisent, persécutent, enlèvent et tuent les chrétiens, mais aussi les « mauvais musulmans » et les non croyants. Contrairement aux “chrétiens laïcs”, ils croient qu'un régime « fort » comme celui du président Assad est l’unique recours, qui les protège efficacement de l’islam radical. Ce sont ces fidèles que je rencontre à Damas et en Syrie depuis quelques jours.

Croient-ils encore à un avenir possible sur leur terre natale ? Comment parlent-ils de ces bannis politiques, leurs frères, qui loin de leur patrie appellent à construire une autre Syrie ? Sont-ils prêts à leur ouvrir les bras, quand la paix sera revenue ? religieux et laïcs chrétiens, pro et anti Assad peuvent-ils se réconcilier et vivre ensemble une même citoyenneté, quelque soit l’issue de la guerre ? Tout mon travail en Syrie tournera autour de la réconciliation, sans laquelle rien ne sera possible,

Au Liban voisin, durant les quinze années de guerre civile, les chrétiens sont allés jusqu’à l’affrontement. Beaucoup pensait alors, que les communautés ne se pardonneraient jamais. Vingt-six ans plus tard, et après une paix fragile signée en 1990, les églises libanaises ont enterré leurs querelles. A méditer.

Luc Balbont

A lire -  https://blog.balbont.oeuvre-orient.fr/

(*1) “ Chrétiens syriens pour la paix: une autre voie pour la Syrie” – Chronique du 14.6.2016 (En photo Michel Kilo, opposant syrien chrétien)

(*2) “ Le discours de fermeté de Mgr Ignace Joseph III Younan, Patriarche de l’Eglise syriaque- catholique “ -  Chronique du 25.11. 2015 (photo)

(*3) “ Gregorios III: la colère du Patriarche Grec-catholique ” – Chronique du 17.2.2016 (Photo)