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Quand les jeunes Arabes cassent les clichés
C’est parce dans le monde arabe le clanisme ethnique et religieux entraîne en permanence des guerres et des conflits, que l’Œuvre d’Orient a eu l’idée de lancer auprès des élèves des écoles francophones, notamment d’Égypte et du Liban, un concours d’écriture sur le thème : ENSEMBLE et DIFFERENTS.
Au final, un peu plus de quarante textes reçus: récits, fictions, reportages, poèmes, bandes dessinées, écrits par des jeunes allant du primaire (CM2) à la classe de première, où des élèves, chrétiens et musulmans, toutes confessions confondues (catholiques, orthodoxes, sunnites, chiites, druzes etc…) expriment leur désir d’en finir avec le poison du communautarisme et du confessionnalisme..
Ainsi Léa, une Libanaise de 8 ans, élève de CM2 à l’école des sœurs de Besançon, dans la banlieue de Beyrouth. L’enfant, qui accompagnait ses parents lors des grandes manifestations contre la corruption des élus libanais en octobre 2019, raconte dans un récit plein de vie, ce qu’elle a vu en arrivant Place des Martyrs, au centre de la capitale libanaise : « c’était un spectacle époustouflant, écrit-elle. Il y avait des jeunes, des adultes, des vieux, des enfants, des mères, des pères, des garçons, des filles, des femmes, des lycéens, des universitaires, des musulmans, des chiites, des sunnites, des catholiques, des orthodoxes, des riches, des pauvres, des lettrés, des illettrés avec plein de drapeaux libanais… Pour la première fois le Liban montrait au monde entier qu’il était uni. Malgré toutes nos faiblesses nous étions ensemble et différents… »
De son côté, Hagar Amr, Égyptienne en classe de 1ère à Notre-Dame de Sion, à Alexandrie stigmatise « ceux qui font preuve d’indignité au nom du communautarisme … ces individus qui appartiennent à une communauté perçoivent autrui d’une manière intolérante, ce qui provoque l’aliénation, le racisme, le sexisme, la xénophobie et l’oppression… »
Des mots naïfs sans doute, des utopies d’adolescents mais dont pourraient s’inspirer bon nombre de dirigeants arabes, et qui montre bien que cette jeune génération refuse dorénavant d’être les sujets de chefs de clans corrompus, qui n’hésitent pas à sacrifier leur population pour préserver leurs intérêts personnels. Un esprit nouveau souffle sur l’Orient arabe, où la jeunesse veut ouvrir les fenêtres sur un monde débarrassé de ces dynasties qui dirigent au Proche-Orient depuis les indépendances. A l’heure où l’Occident est en proie aux démons du communautarisme, aux États-Unis comme en Europe, l’Orient arabe montrerait-il la voie du vivre ensemble et des bienfaits de la diversité ?
Les deux permanentes de l’Œuvre d’Orient à l’origine du concours d’écriture, remarquent que les textes qu’elles ont reçus cassent les clichés d’une société arabe figée. Les jeunes musulmans n’acceptent plus aussi docilement le diktat des imams, et les femmes arabes celui de leurs maris, de leurs pères ou de leurs frères.
Même inabouties, les révolutions arabes de 2011 ont démontré que les jeunes Orientaux voulaient sortir de leurs ghettos, pour construire des nations citoyennes … Encore faut-il que les chefs de clans leur fassent de la place ?