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UKRAINE, A CHERNIHIV, DES ENFANTS VICTIMES DE LA GUERRE

Pour cette chronique du mois d’août, j’avais prévu d’écrire sur les Eglises orientales présentes à Marseille depuis plus de deux siècles. En effet, la cité méditerranéenne qui s’apprête à accueillir le Pape François les 22 et 23 septembre prochains a souvent été le refuge des chrétiens persécutés dans les pays arabes, à certaines périodes tragiques de l’histoire du Moyen-Orient. Il y a quelques semaines, un évènement a perturbé mon programme.

Samedi 19 août dernier, alors que des promeneurs convergeaient par une journée d’été vers une place du centre de Chernihiv, une ville ukrainienne de 286 000 habitants , située à 130 km au nord de Kiev, la métropole est visée par des bombardements russes. Le bilan, provisoire, fait état d’au moins 130 blessés, dont une dizaine d’enfants et 7 morts.

 C’est à Chernihiv que se trouve le couvent « de la Mère de Dieu » (un des cinq couvents rédemptoristes d’Ukraine). Sœur Alfonsa, la supérieure m’envoie le soir même, deux vidéos. Sur l’une d’elle, des jeunes femmes courent effrayées par les explosions et les flammes qui ravagent la place.

L’autre image est plus déchirante, c’est la photo d’une petite fille de 6 ans, Sophia, (photo de couverture) qui souriait à la vie, tuée dans cette attaque. « Une immense tristesse » m’écrit la sœur.

Depuis le 24 février 2022, Chernihiv compte ses morts et ses blessés. Plus de 1100 civils, dont 68 enfants sont au nombre des victimes. 68 jeunes vies fauchées par la sauvagerie des hommes. Sans compter les handicapés et les traumatisés à vie, ainsi que les orphelins, qui ont perdu un père, une mère, et pour certains les deux.

Pour des raisons de sécurité, et à cause de la proximité de la Russie (la frontière russe se situe à seulement 70 km de Chernihiv) les effectifs des religieuses ont été réduits. Les quatre sœurs restantes, travaillent sans relâche auprès de ces gamins, pour tenter de leur faire oublier le présent. Jeux, chants, dessins, soutien scolaire, « Ils sont l’avenir de l’Ukraine. Nous avons le devoir de les protéger, » martèle Alfonsa.

Des gamins qui ont du mal à comprendre, comme ce petit garçon, qui le lendemain de l’attentat demandait aux sœurs, pourquoi les Russes voulaient les tuer. « A Chernihiv, 80% des 3500 bâtiments détruits étaient des maisons d’habitation37 écoles et 4 hôpitaux sont aujourd’hui en ruines. Et les sirènes résonnent plusieurs fois par jour, » se lamente sœur Alfonsa.  

L’été beaucoup passent au couvent : des catholiques, des orthodoxes, mais aussi d’autres qui n’ont reçu aucune éducation religieuse. Qu’importe ! La seule question qui tourmente la religieuse, est de savoir si ces enfants pourront oublier et retrouver une vie normale un jour. 

Luc Balbont

Dans le numéro 810 du bulletin de l’Œuvre d’Orient de janvier, février, mars 2023, lire le portrait de Sœur Alfonsa

Dans certains articles, on trouve Chernihiv écrit de différentes orthographes, Tchernigiv ou encore Cherniguiv